Mardi, à l’Assemblée nationale, le ministre du Transport, Osman Mahomed, a longuement défendu le Road Traffic (Amendment) Bill, qui prévoit la réintroduction du Penalty Point System. Il a présenté cette réforme comme un outil essentiel pour réduire les accidents mortels et instaurer une nouvelle culture de responsabilité sur les routes mauriciennes.
Dès l’ouverture de son intervention, Osman Mahomed a replacé le débat dans sa dimension humaine. « Derrière chaque statistique, il y a une famille brisée, un jeune dont les aspirations ont été coupées net, un foyer plongé dans la détresse », a-t-il déclaré. Le ministre a rappelé que le nombre de victimes sur les routes représente « une pandémie silencieuse », reprenant les mots de Jean Todt, envoyé spécial des Nations unies pour la sécurité routière. Il a souligné que Maurice enregistre actuellement un taux de mortalité routière de 10 à 11 décès pour 100 000 habitants, soit cinq fois plus que Singapour. « Nous devons nous aligner sur les pays qui ont réussi », a-t-il insisté.
Le Road Traffic (Amendment) Bill vise à remplacer un CRTO devenu inefficace par un système de points plus structuré. Le ministre a expliqué que le nouveau dispositif repose sur un plafond de quinze points cumulables sur trente-six mois, avec disqualification à partir de seize points. « L’objectif n’est pas de punir davantage, mais de corriger les comportements dangereux », a-t-il précisé. Les infractions sont regroupées en quatre catégories fondées sur l’analyse des accidents : excès de vitesse, distraction au volant, non-port des dispositifs de sécurité et comportements dangereux tels que dépassements interdits ou non-respect des signaux. L’innovation majeure du projet réside dans le Penalty Point Certificate, un dossier numérique accessible via MoCloud. « Chaque conducteur pourra suivre ses points en temps réel. C’est ce facteur psychologique qui incite au changement », a affirmé Osman Mahomed. Le certificat sera sécurisé par un QR Code et intégré à une plateforme connectée au système judiciaire, à la police et à la NLTA pour garantir une gestion rapide et précise des sanctions.
Le ministre a également tenu à répondre aux critiques selon lesquelles la réforme viserait à augmenter les revenus de l’État. « Aucun montant d’amende n’a été augmenté dans le cadre du système de points », a-t-il rappelé. Il a insisté sur la dimension pédagogique du projet, notamment l’introduction de cours de réhabilitation obligatoires avant la restitution d’un permis suspendu, et la possibilité de réduire un maximum de trois points pour les conducteurs ayant accumulé entre dix et quatorze points.
Osman Mahomed a reconnu que certains ajustements seront nécessaires, mais s’est dit convaincu de l’impact positif du dispositif. « Conduire est un privilège, pas un droit. Si vous abusez de ce privilège, vous le perdez », a-t-il déclaré. Le ministre a conclu en appelant les députés à soutenir le projet de loi. « Cette réforme peut sauver des vies. Elle est nécessaire, urgente et attendue. »
Joe Lesjongard : «Le gouvernement nous ramène en arrière avec un système déjà éprouvé et défaillant»
Lors des débats sur le Road Traffic (Amendment) Bill, Joe Lesjongard a vivement critiqué la décision du gouvernement de réintroduire le Penalty Point System, estimant qu’il s’agit d’un « retour en arrière » plutôt que d’un véritable progrès. Selon lui, il est « incompréhensible » que l’exécutif ait mis une année pour ramener un dispositif déjà appliqué en 2013, alors que le ministre du Transport affirmait, dès février puis en juillet, que la réforme était prête.
Le leader de l’Opposition a rappelé que le Penalty Point System de 2013 avait été « un échec total », avec des points mal enregistrés, des transmissions lentes, des dossiers incomplets et des suspensions erronées. Selon lui, aucun élément du projet présenté n’apporte de solution à ces failles structurelles. Il estime que le gouvernement se contente de « reconditionner » un système déjà défaillant, sous couvert d’urgence routière.
Joe Lesjongard a également évoqué la récente vidéo d’un motocycliste roulant à très grande vitesse et narguant un policier. Pour lui, cet incident illustre l’absence de présence policière suffisante sur le terrain, condition pourtant indispensable pour faire respecter la loi.
Abordant le dépistage de l’alcool et de la drogue au volant, il a regretté le manque de données actualisées sur le nombre de conducteurs testés positifs. Le leader de l’Opposition a également remis en cause l’élargissement de la liste des infractions, jugeant certaines sanctions disproportionnées, notamment la perte de quatre points pour une panne soudaine de feux. Il a demandé pourquoi les amendements de 2024 n’avaient jamais été proclamés, accusant le gouvernement d’agir tardivement après plus d’une centaine de décès routiers.
Joe Lesjongard a enfin appelé à légiférer sur les trottinettes électriques, à revoir les conditions permettant aux mineurs de circuler à moto et à renforcer les sanctions pour refus d’alcootest. Tout en se disant sceptique sur l’efficacité du projet, il a conclu que la sécurité routière doit rester un sujet apolitique, guidé par l’intérêt supérieur des citoyens.
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