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Chagos :  le rapport ne prend pas en compte les récents développements 

Gavin Glover, Attorney General, défend la position de Maurice face au rapport des Lords sur les Chagos, rappelant que les Chagossiens font partie intégrante du peuple mauricien. 

L’Attorney General, Gavin Glover, a réagi au nom du gouvernement mauricien au rapport du Comité des relations internationales et de la défense de la Chambre des Lords, qui met en lumière le sentiment de marginalisation exprimé par une partie de la communauté chagossienne face à l’accord conclu entre le Royaume-Uni et Maurice sur l’archipel des Chagos. Publié mercredi, le document repose sur une enquête en ligne ayant recueilli plus de 3 000 réponses, montrant que de nombreux Chagossiens estiment avoir été exclus des négociations et réclament une participation directe aux décisions les concernant. 

Dans un communiqué diffusé jeudi, Gavin Glover indique que le gouvernement a pris connaissance du rapport et en respecte la démarche, rappelant qu’il s’inscrit dans le cadre du processus parlementaire interne du Royaume-Uni. Il reconnaît également le sérieux avec lequel le comité britannique a cherché à recueillir et à faire entendre les préoccupations chagossiennes, dans un dossier marqué par des décennies d’exil, de revendications et de souffrances historiques. 

Le rapport met en avant un profond sentiment d’injustice historique, directement lié au déplacement forcé des Chagossiens entre 1967 et 1973, ainsi qu’une méfiance persistante envers les autorités, notamment mauriciennes. Selon les conclusions du comité, une majorité des répondants estime que les mécanismes de compensation, de gouvernance et les décisions relatives à l’avenir de l’archipel devraient être confiés directement aux Chagossiens, avec une représentation claire et des structures autonomes. 

Face à ces constats, l’Attorney General rappelle une position qu’il qualifie de fondamentale : les Chagossiens font partie intégrante du peuple mauricien, et l’archipel des Chagos constitue une composante essentielle du territoire de Maurice. Cette position s’appuie sur l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice du 25 février 2019, qui a conclu que le détachement de l’archipel par le Royaume-Uni avant l’indépendance de Maurice était contraire au droit international. Dans cette perspective, Gavin Glover affirme que la pleine reconnaissance de la souveraineté mauricienne sur les Chagos constitue une étape indispensable de l’achèvement du processus de décolonisation. 

Il souligne également que le rapport de la Chambre des Lords reconnaît lui-même que le droit international ne confère pas aux Chagossiens un droit indépendant à l’autodétermination. Selon l’Attorney General, la réparation des injustices historiques passe donc par la finalisation de la décolonisation de Maurice. 

Le communiqué met toutefois en garde contre une lecture absolue du rapport. Gavin Glover relève que le comité britannique reconnaît ses limites méthodologiques, précisant que l’enquête ne prétend pas refléter l’ensemble des opinions chagossiennes. Selon lui, la méthode retenue tend à mettre davantage en avant les voix les plus critiques à l’égard de l’accord, tandis que la majorité des Chagossiens vivant à Maurice — où résident de nombreuses personnes directement affectées par le déplacement — ont exprimé leur soutien au rôle de l’État mauricien, souvent sans que cela ne soit mis en lumière de façon équivalente. Sur le plan concret, l’Attorney General affirme que le gouvernement travaille à la mise en œuvre progressive de la souveraineté mauricienne sur l’archipel.

Des avancées ont été réalisées concernant la définition des critères d’éligibilité à la réinstallation, un dossier sensible et central pour la communauté chagossienne, toujours en cours de finalisation.  Gavin Glover souligne par ailleurs que le rapport ne prend pas en compte certains développements récents, notamment le projet de loi sur le Fonds fiduciaire au bénéfice des Chagossiens, approuvé par le Conseil des ministres le 12 décembre. Ce texte, précise-t-il, répond à plusieurs préoccupations soulevées dans le rapport, en consacrant le principe selon lequel le Fonds est destiné aux Chagossiens et sera administré par des Chagossiens eux-mêmes.  Enfin, l’Attorney General rappelle que l’accord à venir impose des obligations juridiques engageant Maurice en tant qu’État souverain, un aspect parfois sous-estimé dans le débat public.

Tout en reconnaissant les préoccupations exprimées, il affirme que celles-ci ne sont pas ignorées et que les garanties données, ainsi que les mécanismes institutionnels en préparation, permettront progressivement d’apaiser les craintes. Le gouvernement, conclut-il, demeure engagé en faveur de la transparence, de l’inclusion et du dialogue.

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