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Noël malin et zéro déchet

Entre excès et gaspillage, les fêtes pèsent sur l’environnement. Zero Waste Mauritius propose des alternatives durables pour célébrer autrement, en remettant le partage et la sobriété au cœur de Noël.

Emballages déchirés en quelques secondes, cadeaux qui finissent au placard, restes alimentaires jetés après des repas trop copieux… Les fêtes de fin d’année, censées célébrer le partage, riment trop souvent avec excès. Bonne nouvelle : il est tout à fait possible de changer sans se priver ni altérer la magie des fêtes, assurent Sylvia Landon et Victoria Desvaux, du mouvement Zero Waste Mauritius. « Des alternatives durables existent ! On peut se faire plaisir sans que cela coûte à l’environnement », affirme Victoria Desvaux.

Côté décorations, plusieurs options s’offrent aux familles : opter pour des alternatives upcyclées ou naturelles à fabriquer ensemble, investir dans des décorations intemporelles réutilisables d’une année à l’autre, organiser un « swap » entre voisins ou amis, ou encore explorer les boutiques de seconde main.

Pour les emballages, inutile d’acheter du papier neuf destiné à être déchiré en quelques secondes. On peut réutiliser les papiers et sacs cadeaux reçus dans l’année, utiliser du papier journal ou des dessins d’enfants, emballer dans des sacs en tissu réutilisables ou des torchons façon furoshiki, voire fabriquer ses propres sacs cadeaux avec des tissus upcyclés et quelques notions de couture.

Concernant les cadeaux eux-mêmes, l’approche change : préférer des cadeaux durables, utiles ou réellement désirés, opter pour des cadeaux communs plutôt que plusieurs petits objets, soutenir les artisans et entreprises locales pour réduire l’empreinte carbone liée au transport, offrir des cadeaux de seconde main ou faits maison, ou privilégier les expériences comme un cours, un dîner ou un concert plutôt qu’un objet matériel.

Remettre le partage au centre

Transformer les fêtes en moments de partage plutôt que de consommation ne demande pas de grands bouleversements. Décorer la table avec des éléments des années précédentes ou des matériaux naturels comme des branches, des feuilles ou des fruits, préparer le gâteau ou la bûche avec les enfants, partager un film, un jeu de société ou un karaoké : autant de moments qui créent des souvenirs durables.

Créer des rituels de partage peut aussi donner du sens aux célébrations : un tour de table sur les moments forts de l’année ou les rêves pour l’année à venir, par exemple. Limiter le nombre de cadeaux redonne de la valeur au geste : Secret Santa, cadeaux faits maison ou immatériels deviennent alors de véritables attentions.

Victoria Desvaux, consultante en économie circulaire, rappelle que chaque année, Zero Waste Mauritius partage des idées pratiques pour réduire les déchets pendant les fêtes. Pour la troisième année consécutive, l’association lance une campagne de fin d’année en collaboration avec une marque locale pour proposer des sacs cadeaux réutilisables, fabriqués à partir de tissus upcyclés. Ces sacs peuvent ensuite servir pour les achats en vrac ou le rangement. « Encore une fois, il s’agit d’encourager le ‘reuse’ », souligne-t-elle.

Un constat qui invite au changement

Mais pourquoi repenser nos habitudes festives ? Parce que derrière les sapins noyés sous les cadeaux neufs et les tables croulant sous les plats se cache une réalité moins reluisante. « Sous prétexte de faire plaisir et de ‘gâter’ nos proches, les grandes enseignes déploient un marketing massif », observe Sylvia Landon. «  Cet excès dépasse bien souvent les besoins réels et se traduit en gaspillage. »

Premier coupable : les emballages cadeaux, achetés, déchirés et jetés en quelques secondes. Un usage éphémère pour une production gourmande en énergie et en eau. Beaucoup ne sont même pas recyclables, recouverts de plastique ou de paillettes.

Viennent ensuite les cadeaux eux-mêmes. Peu solides, souvent achetés « pour acheter », ils finissent dans un placard avant de rejoindre la poubelle, parfois sans avoir jamais été ouverts. « C’est aussi le cas des décorations qui ne sont pas conçues pour durer », ajoute Sylvia Landon.

Victoria Desvaux pose la question qui dérange : « Chaque objet nécessite l’extraction de ressources naturelles, sauf s’il est fabriqué à partir de matières recyclées ou upcyclées. Aujourd’hui, nous extrayons bien plus que ce que la planète peut supporter. »

À cela s’ajoute la pollution liée à la fabrication : empreinte énergétique, consommation d’eau, qualité médiocre des objets jetables. Et leur fin de vie : beaucoup ne sont pas recyclables et deviennent des déchets supplémentaires. La pollution plastique ne vient pas uniquement des emballages alimentaires : les objets de courte durée de vie y contribuent aussi largement. Produire autant de déchets pour quelques soirées ? Un non-sens, selon Sylvia Landon.

Repenser les listes de Noël

Elle insiste sur un point central : repenser les listes de Noël des enfants. Les aider à identifier ce qui leur ferait vraiment plaisir, éviter de les exposer aux catalogues qui stimulent des envies éphémères, valoriser les expériences plutôt que les objets. Car, fait-elle comprendre, « aimer n’est pas acheter. Les enfants accordent plus d’importance aux moments partagés qu’aux cadeaux accumulés ».

Qui n’a jamais vu un enfant s’amuser davantage à déballer qu’à utiliser l’objet offert  ? Ou se plaindre de s’ennuyer malgré des placards pleins de jouets  ? « Il est important d’ffrir moins mais mieux et de privilégier ce qui dure dans le temps ou dans les souvenirs. »

Les fêtes sont censées célébrer les retrouvailles et le partage. Peut-être est-il temps de les ramener à leur essence : moins d’objets, plus de moments. Moins de gaspillage, plus de sens. La magie de Noël n’a jamais eu besoin de déchets pour exister.

Faire des enfants des alliés

Les enfants peuvent devenir de véritables acteurs d’une célébration anti-gaspi et ludique. Avant les fêtes, les impliquer dans le tri de leurs jouets pour donner ce qu’ils n’utilisent plus constitue une première étape. Leur participation peut ensuite s’étendre à la décoration : confection d’étoiles en pâte à sel, création de couronnes avec des feuilles et branches du jardin.

Le lendemain des festivités, cuisiner avec eux les restes transforme une contrainte en moment de partage : mini-quiches, brochettes « avec tout ce qu’il reste »... Les possibilités ne manquent pas pour allier plaisir et lutte contre le gaspillage.

Fêtes gourmandes et sans gâchis

Grandes tablées, nourriture en abondance : mal géré, cela conduit à un gaspillage alimentaire important. Pourtant, quelques gestes simples permettent de changer la donne. Sylvia Landon rappelle d’abord qu’il est utile de limiter la durée de l’apéritif et la quantité de « gajacks » afin que les invités arrivent à table avec de l’appétit.

L’idéal est de prévoir un menu équilibré et limité : entrée, plat, dessert. « Le gaspillage vient souvent de la multiplication des plats ‘pour satisfaire tout le monde’. Mieux vaut un plat principal fédérateur, avec une option végétarienne, et c’est suffisant. »

Pour y parvenir, il faut savoir qu’une portion adulte correspond à 100-150 g pour l’entrée, 300-350 g pour le plat principal et 100-150 g pour le dessert, portions à ajuster selon l’appétit, le nombre d’enfants et la nature du plat.

« On ne veut pas manquer, mais il faudrait viser assez, plus un petit extra », ajoute Sylvia Landon. Après avoir estimé les portions idéales, elle recommande de prévoir une portion supplémentaire pour « les gourmands » ainsi qu’un back-up invisible pour les « au cas où » : légumes surgelés, pâtes, riz et fromages faciles à préparer en quelques minutes si nécessaire.

Autres conseils pratiques : faire une liste d’achats et s’y tenir pour éviter les achats impulsifs, servir de petites portions en proposant de se resservir, et prévoir des contenants réutilisables pour permettre aux invités d’emporter les restes ou de les congeler. Les desserts restants peuvent notamment être partagés entre invités pour prolonger le plaisir sur plusieurs jours.

Et s’il en reste trop ? Pour une période de fêtes anti-gaspi, Sylvia Landon recommande de se rapprocher d’associations comme FoodWise ou Les Cuisines Solidaires afin de savoir quels produits peuvent être revalorisés. Elle précise toutefois qu’elles reprennent rarement des plats déjà préparés pour des raisons de sécurité alimentaire, privilégiant plutôt les produits bruts non utilisés, proches de leur date limite.

Autre option : revaloriser les restes de manière créative. Internet regorge d’idées simples et savoureuses : les légumes rôtis deviennent purée, velouté, quiche ou omelette ; la viande ou le poisson se transforment en « kari », rougail, daube, wraps, nouilles ou riz frit ; le pain sec devient croûtons, pudding ou bruschettas.

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